18 octobre 2005

Christian de Portzamparc : après les modernes



J’ai assisté mardi 18 octobre (sur mon lieu de travail !) à une conférence de l’architecte Christian de Portzamparc dans le cadre des « Rencontres d’architecture » (destinées aux personnels du ministère de la culture), dans laquelle il a présenté son œuvre récent. Son exposé est clair, pratique et technique. Pas de fioriture, pas de beau discours hyperbolique et égocentrique, qui caractérisent la plupart des discours d’architectes et de critiques d’architecture. Les seules fleurs que Portzamparc se jette, c’est la satisfaction des usagers et riverains de ses constructions (toujours discutable).

C’est vrai que son souci du contexte (l'intégration du bâtiment dans le lieu et l'attention portée aux riverains), son souci de la fonctionnalité (la diffusion du son, de la lumière) et de l'agrément (les lieux de vie, les points de vue que le bâtiment crée pour ses usagers) sont remarquables.

Il a présenté quatre opérations, deux récemment achevées et deux en cours :

- la restructuration de l’immeuble du 80 boulevard Blanqui à Paris (13e) [2001-2004], aujourd'hui siège du journal Le Monde (qui en est locataire).

- la salle philharmonique du Luxembourg, ouverte au public cette année [1997-2005] : elle fut l’occasion de développer son expérience acquise en matière de conception de salles de concert. Une salle de concert est, elle aussi, un instrument de musique, et le chef d’orchestre Emmanuel Krivine l’a ainsi invité à venir saluer l’auditoire à ses côtés…

- le projet de Cité de la musique à Rio de Janeiro [2002-] : le bâtiment sur pilotis au dessus d’un parc arboré et d’une lagune propose plusieurs salles (de concert, de danse, de cinéma) autour d’un grand hall. En cours de construction, c’est de loin la plus belle des quatre opérations présentées ici par l’architecte et sans doute l’une des plus belles de sa carrière.

- le projet de la tour Kalimian (Park Avenue South Tower) à New York [2003-] : cette tour de logements figurera parmi les six plus hauts immeubles de la ville. Après la tour LVMH (siège de la société à Manhattan), ce fut l’occasion de raconter son expérience américaine.

Les formes courbes (les vagues, les formes plus organiques), ainsi que les couleurs, que l’on trouve à la Cité de la musique de Paris (ici : photo du Conservatoire, prise le 14 mars 2005), ont presque disparu de son œuvre actuelle. En revanche, si les formes droites dominent, elles refusent les perpendiculaires et les symétries. Ce qui me semble caractériser le Portzamparc contemporain, ce sont plutôt des formes droites mais obliques (de biais), anguleuses (pointues), des plis, des prismes. Ses formes n’en sont pas moins naturelles, en témoigne la tour Kalimian qui prend la forme d’un bloc de cristaux.

On a donc affaire à un refus du modernisme (l’angle droit), sans basculer dans le post-modernisme, au sens de fin de l’Histoire, qui ne laisserait place qu’au pastiche des formes passées. A propos de la Cité de la musique de Rio de Janeiro, Christian de Portzamparc fit ainsi l’éloge de l’architecture moderne brésilienne (« Le modèle de Le Corbusier, on dirait que c’est fait pour le Brésil ! »). Avec Portzamparc, sans pour autant croire à l’avenir radieux, la création est donc possible.

Photo : Henri Gay 2005

1 commentaire:

rosi a dit…
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