22 mai 2021

Le Géant de Montastruc (-la-Conseillère)

 


Jean-Pierre MAZAS (Verfeil 
(31), 14/02/1847 - Toulouse, 06/11/1901), le "Géant de Montastruc", est l'objet du dernier livre de Pascal Dessaint, Un colosse, paru le 5 mai 2021 aux éditions Rivages.

Sur la base des recherches effectuées par l'auteur et de son livre, on peut en tirer les éléments biographiques suivants.

Il mesurait 2,20 m, pesait 161 kg en 1882, sa pointure était 54. Il souffrait d'acromégalie (hypertrophie des membres produite par un trouble hormonal). Il s'est blessé à la colonne vertébrale en 1885, il est alors devenu bossu et a rapetissé. En 1894, le Dr Edouard Brissaud à Paris l'a examiné et a produit un rapport sur lui en 1895. Voir par exemple l'article de la Revue scientifique :

Il est né au lieu-dit Castanet à VerfeilIl a ensuite vécu à Lavaur à partir de 1848 (métairie La Couffigue, puis quartier du Rouch, lieu-dit le Servi, aujourd’hui probablement rue et impasse du Cervi). Il a épousé le 19/11/1878 à Montastruc Marie-Adèle Gérémie, née à Saint-Sulpice le 01/02/1863 de Pierre Gérémie et Jeanne Rivals, qui vivaient alors à Montastruc. Puis de 1879 à 1892 environ, il a vécu à Montastruc comme métayer à la ferme de Tifaout (ou Tiffaut), métairie relevant du domaine du château, qui la surplombe. Cette ferme est remarquable par sa position en hauteur, sa dimension et sa tour-porche (photo Google Maps ici en haut). Il a enfin vécu à Gémil de 1892 à 1901.

Ses ascendants sont Jean Mazas (laboureur, décédé le 20/02/1848) et Cécile Sol. Ses descendants sont François Mazas, né le 11/09/1879 à Lavaur, (Jacques-)Joseph Mazas, né le 20/07/1883 à Montastruc, et Rosalie(-Victorine), née le 30/09/1889 à Montastruc.

Il a été un célèbre lutteur de 1877 à 1885. De 1892 à 1901, il a tenu une baraque de foire itinérante en France. Il est décédé dans le train Bordeaux-Toulouse et repose au cimetière de Montastruc.

Au-delà de ces éléments factuels, il convient de saluer, bien sûr, le talent littéraire de Pascal Dessaint : imagination pour ce que nous ne savons pas de Jean-Pierre Mazas, mise en relation avec l'Histoire et la société de l'époque, composition de l'ouvrage, pour retracer la vie d'un homme tout simplement, ni héros, ni monstre.

15 novembre 2015

L'oeuvre photographique de Yohann Gozard : expo "Le paradoxe de la nuit noire" au Château d'eau

De retour à Toulouse en 2015, le blogueur a naturellement adhéré au Château d'eau, qui a formé son photoregard, avant sa fréquentation des hauts lieux parisiens de la photographie que sont la MEP, l'ex-CNP / Jeu de Paume, la galerie de photographie de la BnF et la Fondation HCB.

In extremis comme souvent, le cycle d'expositions de septembre-octobre 2015 lui a révélé le 30/10 une belle oeuvre, quoique à tendance plasticienne : celle de Yohann Gozard.


Ce photographe s'est consacré à la photographie de paysage nocturne. Comme chez Pierre Soulages (le "noir-lumière"), le noir n'est jamais tout à fait noir, tout à fait néant :
  • Soit le noir est à première vue profond, et alors, si le visiteur de l'expo veut bien regarder, il découvre des détails qui lui apparaissent lentement, comme dans l'expérience que l'on peut faire d'une véritable nuit, faisant ainsi du spectateur une sorte d'égal du créateur, qui, lui, fait apparaître les objets qui l'intéressent en "appliquant" dans l'espace photographié un éclairage supplémentaire. C'est par cette technique que cette photographie s'apparente à la peinture et à un mode d'expression "propre" en estompant les formes et les couleurs disharmoniques dans ces paysages de relégation plutôt "sales" (comme Gilles Deleuze disait que l'écrit est propre, à la différence de l'oral qui est sale, impur).
  • Soit, avec des temps d'exposition très longs (jusqu'à environ 45 mn ! pour une des photos exposées), le noir peut même être pleine lumière, donnant des ambiances irréelles, troublantes, lunaires. Si l'on ajoute à cela que les lieux photographiés ne sont pas indiqués dans (ou avec) les titres des œuvres et que les objets de ces vues sont des non-lieux (cf. Marc Augé), ces œuvres brouillent les fondements et les frontières les plus élémentaires : jour / nuit ? Terre / Lune ? Campagne / ville ? Incendie, volcan, explosion ? En d'autres termes, phénomène naturel ou technologique ?
Même si le point de vue du photographe est souvent à la campagne, c'est souvent le halo des lumières de la ville lointaine et son effet sur le ciel qu'il capte. A l'image de cette photo d'animaux en plâtre pour décoration de jardin dans un lieu de vente au bord d'une route, ce photographe met ainsi en abyme l'importance de l'artificialité dans le monde d'aujourd'hui et l'ampleur avec laquelle l'Homme le façonne, jusqu'à l'absurdité écologique : éclairages nocturnes inutiles et démesurés, piscines comme autant de bassins déplacés dans des zones arides, consommations indécentes d'énergie et d'eau...

Cette exposition et plus largement l'oeuvre dont elle est une manifestation marquent ainsi par leur effet d'ambiance générale, leur cohérence et leur effet à la fois sensoriel, intellectuel et moral.

10 novembre 2013

Maurice-Elie Sarthou, l'eau et le feu

Dur, dur d'éditer simplement un article dans Wikipedia... Le plus simple est sans doute de réactiver son blog

... pour communiquer sur l'actualité de l'artiste, peintre essentiellement, Maurice-Elie Sarthou.

Son oeuvre fait et va faire notamment l'objet de deux expositions (huile sur toiles, aquarelle, gouache et lithographie) :

- sur le thème de l'eau au Musée Toulouse-Lautrec à Albi (81) : "Maurice-Elie Sarthou (1911-1999), Paysages d’eau" (70 œuvres), Albi, Musée Toulouse-Lautrec, 12/10/2013-05/01/2014,

- sur le thème du feu au Musée Fabre à Montpellier (34) : "Maurice-Elie Sarthou, Incendies, Mistral, Alpilles, carrières..." (titre et contenu à préciser encore), Montpellier, Musée Fabre, 22/03- 25/05/2014. L'annonce la plus précise à ce stade de cette prochaine exposition est ici, sur la page du site dédié à l'artiste par sa fille, Francine Sutton-Sarthou.

Maurice-Elie Sarthou, né à Bayonne le 15 janvier 1911 et mort à Paris le 11 juin 1999, est un peintre français, dit de la Nouvelle Ecole de Paris.
Il s’est formé à l’école des Beaux-Arts de Montpellier, puis de Paris.

Il a été professeur de dessin à Bastia, Bordeaux, puis Paris, de 1937 jusqu’en 1958, année à partir de laquelle il s’est consacré à sa création artistique.

Après s’être attaché à la côte basque et au bassin d’Arcachon (1937-1950), il s’est attaché en 1952 au Languedoc et à la Provence en se fixant à Sète où il a retrouvé la lumière du Midi et où il repose au cimetière marin.

Sarthou a réalisé plus de 1 700 peintures à l'huile, près de 900 aquarelles, gouaches, lavis, dessins et pastels, plus de 100 lithographies, des livres illustrés, des tapisseries, des vitraux et des décorations murales.

Les objets de sa représentation sont essentiellement les quatre éléments naturels : l’eau, la terre, le feu et l’air (le ciel). Mais son art est une synthèse entre son approche visuelle et son expérience intérieure. Cette "réalité transposée", selon son expression, le place, parmi la Nouvelle Ecole de Paris, dans le mouvement de la "figuration allusive" et le rapproche de l’abstraction lyrique. Caractérisé par la sensibilité à la lumière et l’affirmation de la couleur, son style s’apparente ainsi à un "tachisme gestuel", comme l’a écrit Pierre Georgel dans la préface de l’exposition qui lui était consacrée au Musée Paul Valéry à Sète en 1973. Par les sujets exposés à Albi, Sarthou évoque "naturellement" Claude Monet, mais aussi notamment une autre personnalité de la "figuration allusive" : Alfred Manessier. Là où le premier a peint les aspects et les effets (intérieurs) des étangs ou lagunes de la Camargue et de l'Hérault, le second a peint ceux de la baie de Somme.

A voir :

- le site web dédié à l'artiste par sa fille, Francine Sutton-Sarthou : www.sarthou.org
et notamment le catalogue d'oeuvres

- la page dédiée à l'exposition par le Musée Toulouse-Lautrec à Albi

- la page dédiée à l'exposition d'Albi par l'Association des Conservateurs des musées de Midi-Pyrénées

- un article de La Dépêche du Midi sur l'exposition d'Albi

- la page dédiée à l'exposition par le Musée Fabre à Montpellier

Bonnes visites ou découverte de ce peintre qui m'était inconnu jusqu'à ce 2 novembre 2013 à Albi.

Image : reproduction sur sarthou.org de Noire était la mer n° 2, 1973, huile sur toile.

12 septembre 2009

Willy Ronis : salut l'artiste.


Willy Ronis est mort cette nuit.

La seule fois où j'ai vu Willy Ronis de visu, c'était en 2005 ou 2006 lors d'un départ en voiture vers la Bretagne, sur le périphérique : il observait sur le pont de Montreuil. Pas tout à fait sûr que ce fût lui, mais c'était plausible compte tenu qu'il habitait près de la place de la Nation et que l'Est parisien était son domaine. Etrange instant, étrange souvenir...

13 février 2007

Lee Friedlander : un regard



Vendredi 8 décembre 2006, j'ai vu l'exposition Friedlander, du 19 septembre au 31 décembre 2006 sur le site Concorde du Jeu de Paume. C'était la première fois que je rentrais dans le Jeu de Paume depuis son affectation à la photographie, au lieu de l'art contemporain (de 1991 à 2004).
477 photos en noir et blanc (et 6 photos en couleurs de jazzmen) de Lee Friedlander, photographe américain né en 1934, étaient exposées. Si je connaissais de nom ce photographe, ce fut néanmoins, dans le champ photographique, ma plus grande révélation. Sans éluder sa dimension documentaire ni recourir au photomontage, la photo devient avec Friedlander un véritable art, une invention de formes, un système de regard. Et c'est bien cet équilibre, cette intrusion de l'art dans le documentaire, ce seul artifice du regard (par le choix du cadrage et du point de vue) excluant tout artifice au tirage, qui font sa réussite.
Dans l'oeuvre de Friedlander, l'insolite qui évoque William Eggleston, l'espièglerie qui évoque Elliott Erwitt, l'humour métaphysique qui évoque René Magritte ne sont que des aspects d'une photographie qui se caractérise par des jeux de lignes, de trames, qui crée des coïncidences entre premier plan et arrière plan (ci-dessus : Idaho, 1972, issue du site laurencemillergallery.com). Ombres, reflets, écrans, affiches, panneaux, effets de rideaux, d'écrans (barrières, grillages, fils électriques, arborescences végétales) vont jusqu'à la saturation de la structure de ses images.

Une critique de l'exposition par paris-art.com.
Quelques galeries de photos de Friedlander : masters-of-photography.com, phomul.canalblog.com, jameskelly.com.

23 octobre 2006

Nice l'italienne

Dimanche 22 et lundi 23 octobre 2006, à l'occasion d'un déplacement professionnel, j'ai découvert le centre de la ville de Nice.

Couleurs pastel des façades, à dominante orangée, balcons en fer forgé, volets inclinés : on dirait l'Italie !

Photo : Henri Gay 2006

20 octobre 2006

Histoires de bagnoles

Samedi 14 octobre 2006, j'ai vu en salle, en version française, le film Cars réalisé par John Lasseter et le studio d'animation Pixar (sorti en France le 14 juin 2006).

Rendu des paysages, de la vitesse, du milieu automobile, plastique des véhicules, Cars retient l'intérêt.

En revanche, on peut reprocher au film son pathos et son excès de bavardage... un comble pour un film qui ne comporte aucun homme !

Image : issue du site Allocine.fr.

15 octobre 2006

Gabriele Basilico : l'espace et le temps



Retour donc, vendredi 13 octobre 2006, à l'exposition "Gabriele Basilico : photographies 1980-2005" à la Maison européenne de la photographie (du 21 juin au 15 octobre 2006).

La rétrospective présentée à la MEP regroupe une sélection de photographies réalisées durant 28 ans, de 1978 à 2006, par Gabriele Basilico, né en 1944 et diplômé en architecture de l’université de Milan. Ses photographies sont essentiellement consacrées au bâti et ont partiellement un caractère systématique qui évoque l'oeuvre de Bernd et Hilla Becher.

Bâtiment / homme
Ses vues sont souvent désertes, les hommes y sont rares et discrets. En fait, dans l'univers de Basilico, l'architecture supplée l’homme, non pour le nier mais pour parler pour lui, pour le révéler.
"Quand le regard s'étend et se dilate dans l'espace urbain physiquement délimité, il est naturel que les personnes, les groupes, et même le trafic, soient "absorbés" par le paysage, au loin"
"avec le temps, l'espace a retenu toute mon attention, il a lentement remplacé les évènements et l'homme, il en a comme accepté la délégation, et le lieu est devenu sa demeure."

Bâtiment / environnement
Basilico explore la transformation des territoires. L'agglomération de Naples se répand sous la fumée du Vésuve, les fumées industrielles de Dunkerque se confondent avec les brumes de mer.

Bâtiment / temps
L'architecture ancienne, pourtant prise dans la poussière, l'usage, la banalité, voire l'empilement de styles,
Basilico la photographie comme on photographie un bâtiment d'architecture contemporaine. C'est le cas particulièrement de l'architecture nouvelle des années 30 (ici : Milan, 1980, issue du site consarc-ch.com).
A Beyrouth, Basilico photographie longuement en 1991 les bâtiments ravagés par la guerre du Liban, puis photographie l'essor de son urbanisme en 2003. Ironie de l'actualité pendant la durée de l'exposition... Les stigmates des immeubles coloniaux de Beyrouth en 1991 évoquent un viellissement accéléré, artificiel, des bâtiments de style art nouveau qu'il photographie par ailleurs.
"la "lenteur du regard", en syntonie avec la photographie des lieux, est devenue beaucoup plus, pour moi : c'est une attitude "philosophique" et existentielle, grâce à laquelle on peut tenter de retrouver, dans le monde extérieur, une possibilité de "sens"." Sous l'apparente statique des bâtiments, Basilico nous montre qu'il y a bien une dynamique à l'oeuvre. Mais il a trouvé la distance (le temps) juste : ni immobilisme du permanent, ni bougisme de l'éphémère.

Un portfolio à feuilleter :
http://www.fineartphotography-online.com/artphotogallery/photographers/gabriele_basilico_01.html

14 octobre 2006

Shiv Kumar Sharma, virtuose du santour














Samedi 7 octobre 2006, premier concert de ma onzième saison musicale parisienne (depuis 1996). Et toujours dédiée au programme musical du Théâtre de la Ville. En revanche c'est la première saison sans abonnement à la Cité de la musique, sacrifiée en raison de l'hétérogénéité de chacun de ses concerts et du prix des places.

Premier concert, donc, consacré à l'Inde du Nord, à la découverte de celui qui a adapté le jeu du santour au raga : Shiv Kumar Sharma, toujours en osmose avec le jeu de tablas de Zakir Hussain (dont j'ai déjà vu deux concerts au Théâtre de la Ville), pour des ragas de fin d'après-midi.

Shiv Kumar Sharma joue du santour d'un façon extrêmement souple, avec ses marteaux et même avec ses mains.

Le santour ou cymbalum est un instrument de la famille de la cythare, comme le psaltérion et le tympanon.

Photo : issue du site Mondomix.com.

01 octobre 2006

Le dessinateur Willem


Vendredi 29 septembre 2006, visite de l'exposition consacrée à Willem par la Bibliothèque publique d'information (BPI) au Centre Pompidou, du 14 juin au 2 octobre 2006.

Ici, quelques uns de ses dessins que j'apprécie régulièrement dans Libération.

Reproduction : issue du site Fluctuat.net.