25 octobre 2005

La Déesse a 50 ans


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Mardi 25 octobre 2005, je suis allé voir l'exposition sur le "Cinquantenaire de la Citroën DS" à la Cité des sciences et de l'industrie (du 23 juin au 1er novembre 2005).

Tout bon sémiologue (cf. Roland Barthes : "La nouvelle Citroën" in Mythologies, Ed. du Seuil, 1957) et tout bon médiologue ne peuvent que s'intéresser à la Voiture à grande diffusion (VGD, puisque c'est le nom originel du programme de la DS). Elle s'est effectivement diffusée à près d'un million et demi d'exemplaires en 20 ans, de 1955 à 1975. Le médiologue s'intéresse à la technique (pour ses effets), et l'exposition a le mérite de l'être (technique), détaillant les innovations apportées par la DS à la voiture et à sa réception sociale. La centrale haute pression tient ainsi une place majeure dans le projet industriel comme dans l'exposition : elle donne lieu à l'embrayage automatique, à la suspension hydropneumatique, à la direction et au freinage (par disque) assistés.

Dessinée par Flaminio Bertoni et conçue par André Lefebvre (à qui on doit la Traction Avant et la 2CV), la DS sort en 1955 et l'ID en 1957 (l'ID est une DS de bas de gamme, sans centrale haute pression). Visuellement, la DS se distingue de l'ID par son levier de vitesse dressé au dessus du tableau de bord (boîte de vitesse semi-automatique), et - semble-t'il - par ses chevrons couleur or (couleur argent pour l'ID).

En 1961, la DS reçoit l'injection électronique. En 1967, elle est restylée : les optiques sont alors carénées. Les projecteurs principaux suivent horizontalement la direction et les projecteurs secondaires se règlent verticalement selon l'assiette du véhicule. En 1973, la DS est produite dans la nouvelle usine d'Aulnay-sous-Bois, en remplacement de l'usine du quai de Javel à Paris. Ainsi le 17 septembre 2005, j'ai pu observer un rassemblement de DS à Aulnay à l'occasion des journées du patrimoine (17 et 18 septembre 2005) et prendre place avec mon fils aîné Raymond dans une DS 20 (modèle 1971) pour un long tour dans ma ville :














La photo d'en haut est une photo personnelle d'une miniature célébrant la production du premier exemplaire à Aulnay et présentée dans l'exposition de la Cité des sciences.

Souvenir du temps où, enfant, j'ai dû monter une fois à l'arrière d'une DS. Souvenir du temps où je m'écriais "Pompidou !" lorsque je voyais passer une DS noire dans ma campagne... Souvenir du temps où je conduisais une DS cabriolet (couleur bordeaux)... à pédales !

Photos : Henri Gay 2005

23 octobre 2005

Le Festin des dinosaures





Dimanche 23 octobre 2005, je suis allé voir en famille, au Palais de la découverte, l'exposition "Le Festin des dinosaures : des T-Rex envahissent le Palais" (du 18 octobre 2005 au 23 avril 2006).
Quatre scènes présentent des reconstitutions de dinosaures, en grandeur réelle et animés de quelques mouvements. Une impressionnante exposition-spectacle.

Photo : Henri Gay 2005

21 octobre 2005

10 photographes Magnum dans les 10 nouveaux pays de l'UE









Vendredi 21 octobre, j'ai vu l'exposition "Euro Visions : les nouveaux européens par dix photographes de Magnum" au Centre Pompidou (du 15 septembre au 24 ocotobre 2005). De juillet 2004 à avril 2005, 10 photographes de l'agence Magnum ont photographié chacun un des 10 pays entrés dans l'Union européenne le 1er mai 2004.

Patrick Zachmann présente la Hongrie par un mur de photos, de formats divers, en noir et blanc et en couleur. La qualité de Zachmann n'est plus à démontrer, notamment dans ses photos en noir et blanc.

Martin Parr présente la Slovénie par quelques photos en couleur de grand format. Ses photos sont aussi à la hauteur de son oeuvre.

Chris Steeele-Perkins présente la Slovaquie par 14 albums photographiques thématiques (papier), qui lui permettent de montrer beaucoup plus de photos (en couleur) que ne le lui permet l'espace restreint de l'expo. Ses portraits et scènes sociales, la quantité de photos en font une réussite.

Carl de Keyzer présente Malte, dans un style proche de celui de Parr. Photos en couleur de grand format, très lumineuses et souvent ironiques. En sus, deux écrans diffusent des séries de portraits de Maltais.

Lise Sarfati présente la Lituanie par un diaporama (accompagné d'une bande-son), constitué d'une galerie de photos en couleur de jeunes filles lituanienne sur leurs lieux de vie.

Mark Power présente la Pologne par quelques photos en couleur de grand format sur plexiglass. L'ampleur et la définition des photos font un bel effet.

Donovan Wylie présente l'Estonie par une galerie de photos en couleur de petit format représentant chacune un Estonien marchant dans la rue, toujours placé au centre et photographié de pieds.

Martine Franck présente la Tchéquie par un film de photographies en noir et blanc, accompagnés d'entretiens et de musique. La famille Fárová, composée essentiellement d'artistes, est ainsi présentée ainsi que le quartier historique de Prague dans lequel se trouve sa maison familiale.

Alex Majoli présente la Lettonie par un multi-diaporama de photos en noir et blanc, mêlant portraits et lieux.

Enfin, la meilleure des parties de cette exposition est pour moi celle de Peter Marlow, qui présente Chypre dans une pièce dont les quatre murs sont couverts de nombreuses photos carrées en couleur de petit format, constituant une sorte de kaléidoscope de l'île divisée. La photographie de format carré donne ainsi une vue parcellaire, qui individuellement, isolément, ne peut donner une vision du pays. Au contraire dans la photo 24×36, chaque vue se suffit, est un monde en soi, représente le monde, comme le champ rectangulaire de la vision humaine. La prise de vue de format carré est au contraire un "spot", qui peut isoler un objet dans la vision humaine et n'a pas besoin d'appui sur les contours de la photo (cadre de fenêtre, arbres, ...). La vision du pays provient de l'accumulation de ces vues fragmentaires. Marlow photographie ainsi notamment une série de panneaux étonnants.

Photo : Henri Gay 2005

19 octobre 2005

Terry Riley et le mouvement répétitif

Mercredi 19 octobre 2005 au soir (de 21 h à 22 h), l'émission Décibels sur France Culture ("Terry Riley, un compositeur en majeur") était essentiellement consacrée à Terry Riley, l'un des deux fondateurs, avec La Monte Young, du mouvement de musique répétitive. Néosphères présente bien (en français...) Riley et sa discographie.

Comme Willy Ronis a été éclipsé par Robert Doisneau en photo, Young et Riley auraient été éclipsés par Steve Reich et Philip Glass, plus affichés, prolifiques et plus mélodiques. Néanmoins, force est de constater que Riley est très absent des bacs des disquaires et Young quasi totalement inédit au disque.

J'ai deux disques de Terry Riley : "Salome Dances for Peace" par le Kronos Quartet et l'oeuvre fondatrice "In C" par le Bang on a can. Passionné de musique répétitive, je prévois d'acquérir la discographie complète (disponible...) de Terry Riley, avec en priorité :
- "The Persian Surgery Dervishes" (éd. Shandar, 1972 ; rééd. New Tone, 1993),
- "Shri Camel" (éd. CBS Masterworks, 1978),
- "Dorian Reeds" (éd. Organ of Corti, 1998),
- "Mescalin mix" (éd. Organ of Corti, 2000),
- "Cadenza on the wind" (éd. New music, 1986).

Dans ce dont je dispose et que je connais actuellement de son oeuvre, c'est "In C" qui domine largement.

L'émission nous apprend que sortira en mars 2006 l'album "The last camel in Paris" (éd. New Albion).

18 octobre 2005

Christian de Portzamparc : après les modernes



J’ai assisté mardi 18 octobre (sur mon lieu de travail !) à une conférence de l’architecte Christian de Portzamparc dans le cadre des « Rencontres d’architecture » (destinées aux personnels du ministère de la culture), dans laquelle il a présenté son œuvre récent. Son exposé est clair, pratique et technique. Pas de fioriture, pas de beau discours hyperbolique et égocentrique, qui caractérisent la plupart des discours d’architectes et de critiques d’architecture. Les seules fleurs que Portzamparc se jette, c’est la satisfaction des usagers et riverains de ses constructions (toujours discutable).

C’est vrai que son souci du contexte (l'intégration du bâtiment dans le lieu et l'attention portée aux riverains), son souci de la fonctionnalité (la diffusion du son, de la lumière) et de l'agrément (les lieux de vie, les points de vue que le bâtiment crée pour ses usagers) sont remarquables.

Il a présenté quatre opérations, deux récemment achevées et deux en cours :

- la restructuration de l’immeuble du 80 boulevard Blanqui à Paris (13e) [2001-2004], aujourd'hui siège du journal Le Monde (qui en est locataire).

- la salle philharmonique du Luxembourg, ouverte au public cette année [1997-2005] : elle fut l’occasion de développer son expérience acquise en matière de conception de salles de concert. Une salle de concert est, elle aussi, un instrument de musique, et le chef d’orchestre Emmanuel Krivine l’a ainsi invité à venir saluer l’auditoire à ses côtés…

- le projet de Cité de la musique à Rio de Janeiro [2002-] : le bâtiment sur pilotis au dessus d’un parc arboré et d’une lagune propose plusieurs salles (de concert, de danse, de cinéma) autour d’un grand hall. En cours de construction, c’est de loin la plus belle des quatre opérations présentées ici par l’architecte et sans doute l’une des plus belles de sa carrière.

- le projet de la tour Kalimian (Park Avenue South Tower) à New York [2003-] : cette tour de logements figurera parmi les six plus hauts immeubles de la ville. Après la tour LVMH (siège de la société à Manhattan), ce fut l’occasion de raconter son expérience américaine.

Les formes courbes (les vagues, les formes plus organiques), ainsi que les couleurs, que l’on trouve à la Cité de la musique de Paris (ici : photo du Conservatoire, prise le 14 mars 2005), ont presque disparu de son œuvre actuelle. En revanche, si les formes droites dominent, elles refusent les perpendiculaires et les symétries. Ce qui me semble caractériser le Portzamparc contemporain, ce sont plutôt des formes droites mais obliques (de biais), anguleuses (pointues), des plis, des prismes. Ses formes n’en sont pas moins naturelles, en témoigne la tour Kalimian qui prend la forme d’un bloc de cristaux.

On a donc affaire à un refus du modernisme (l’angle droit), sans basculer dans le post-modernisme, au sens de fin de l’Histoire, qui ne laisserait place qu’au pastiche des formes passées. A propos de la Cité de la musique de Rio de Janeiro, Christian de Portzamparc fit ainsi l’éloge de l’architecture moderne brésilienne (« Le modèle de Le Corbusier, on dirait que c’est fait pour le Brésil ! »). Avec Portzamparc, sans pour autant croire à l’avenir radieux, la création est donc possible.

Photo : Henri Gay 2005

12 octobre 2005

La revanche de Willy Ronis

Le photographe Willy Ronis, 95 ans, revient au premier plan. Un entretien sur France Culture (Surpris par la nuit : Mat ou brillant ? - "Willy Ronis : une vie de photographe") mardi 11 octobre au soir m'informe qu'il fera l'objet d'une importante exposition à l'hôtel de ville de Paris, du 19 octobre 2005 au 18 février 2006 (entrée libre !), et de deux livres.

J'ai acheté le premier livre, paru chez Taschen. A propos de cet ouvrage, on peut voir :
- le site des éditions Taschen (voir la vidéo d'une interview de Ronis),
- sa présentation par Photosapiens.

Le Monde publie 3 portfolios (les 2 premiers sont sonores) :

- "Quand Willy photographie Ronis"

- "Willy Ronis : retrouvailles"

- "Willy Ronis, rue de la Huchette, 1957"


Un second livre, Paris éternellement, vient de paraître chez Höebeke avec l'expo.

Rappelons que Ronis fait aussi partiellement l'objet de l'exposition "Trois photographes humanistes" au Musée Carnavalet (Mairie de Paris) du 21 septembre 2005 au 15 janvier 2006.

Enfin, j'ai vu l'exposition de 26 tirages d'époque "Willy Ronis Vintages 1934-1976" à la galerie Camera Obscura (268 bd Raspail, Paris 14e, du 9 septembre au 15 octobre 2005). Pourtant Ronis affirme, très justement : "J'ai eu [...] toujours un labo photo : j'aime développer moi-même, regarder les planches-contact, tirer et agrandir. Ce qui me plaît, c'est la fabrication, la répétition. C'est pour cela que je suis réticent à la photo vintage. Ca me met mal à l'aise, c'est une mode, un snobisme. Une photo ne doit pas être rare, ni précieuse. Je me refuse à faire des tirages limités pour faire monter les prix, c'est trop du commerce. La photo, c'est démocratique." (Libération, 19 octobre 2005, "Si Ronis m'était conté", entretien avec Antoine de Baecque)

Après la disgrâce, sa longévité lui aura donc permis de connaître le retour en grâce. J'ai découvert ce photographe le 2 février 1997 par l'exposition rétrospective que lui avait consacrée le Pavillon des arts (Mairie de Paris, toujours !) du 31 octobre 1996 au 4 février 1997, et je place l'oeuvre et le bonhomme au sommet de mon panthéon photographique. J'ai ainsi écrit sur son oeuvre dans les Cahiers de médiologie (n°3, 1er semestre 1997, p. 293) : "Willy Ronis : humour, système, humour systématique", pour essayer de briser l'image banale de l'oeuvre de Ronis, qui serait consensuelle et le produit d'une pure spontanéité.